Étude
de cas : Le Grand Nord canadien
Document 1 :
Nunavut, un bilan des 10 premières années
Dernier-né des
territoires canadiens, le Nunavut a été créé le 1er avril 1999 de la division
des Territoires du Nord-Ouest. Il est le résultat d’une entente territoriale
[...] signée en 1993 entre les Inuits de l’est de l’Arctique et le gouvernement
du Canada, après près de 20 ans de négociations. [...] Aujourd’hui, le Nunavut
comprend une population de près de 30 000 habitants dont 85 % sont Inuits. Les
Nunavummiut (résidents du Nunavut) vivent dans 28 communautés réparties sur un
immense territoire de près de 2 millions de km2 et qui ne sont accessibles que
par avion. Fruit du désir des Inuits de reprendre le contrôle sur leur vie en
établissant leur propre gouvernement et en obtenant la reconnaissance de leurs
droits territoriaux, politiques et sociaux, le Nunavut n’est pas un territoire
comme les autres. [...] Le système de gouvernance du Nunavut est complexe.
D’une part l’accord du Nunavut a créé une structure de gouvernance inuite
représentée par diverses organisations inuites, dont la principale est la
Nunavut Tunngavik Inc. (NTI). [...] Elle administre le fonds de compensation de
1.15 milliard de dollars versé par le gouvernement du Canada [...]. Aux côtés
de cette gouvernance proprement inuite, il y a le gouvernement territorial du
Nunavut, [...] qui détient tous les pouvoirs typiques des gouvernements
provinciaux), à l’exclusion de la compétence sur le territoire et les
ressources naturelles. Ainsi, le gouvernement du Nunavut ne reçoit aucune part
des redevances payées pour l’exploitation des ressources, alors que ces sommes
constituent une importante source de revenus des provinces ; ce sont le
gouvernement fédéral et les organisations inuites qui se partagent les revenus
provenant de ces ressources et qui sont donc à même de bénéficier des développements
miniers et pétroliers de profilant à l’horizon.
Thierry Rodon, «
Nunavut, un bilan des 10 premières années », Policy Options, Université
Laval à Montréal, Juillet-Août 2009
Document 2 :
Le réchauffement climatique bouleverse le quotidien des Inuits
Alors que le
Canada s’apprête à accueillir, à Montréal, une conférence internationale sur le
changement du climat, le nord du pays est de moins en moins un monde de froid
et de glace.
« [...] Nous
avons la plus grosse population d’ours polaires au monde, mais ils sont menacés
de disparition à cause du réchauffement climatique. » dit Simon Awa, haut fonctionnaire au ministère
de l’environnement du Nunavut]. Avec la fonte de la banquise, ils peinent à
tuer les phoques dont ils se nourrissent et moins d’oursons naissent. Les ours,
dont la chasse a été encadrée, ne sont pas les seuls à souffrir du changement
climatique. Pour des raisons tant économiques que culturelles, les Inuits ne
peuvent pas se passer de leur country food (phoques, caribous, ours,
poissons...). « Chez vous, explique Sheila Watt-Cloutier, présidente de la
Conférence circumpolaire inuite, le froid et la neige ont des vertus
récréatives. Ici la nature est notre supermarché ; la glace est notre moyen de
transport, un outil pour survivre, aller chasser ou pêcher en toute sécurité. »
Signe des temps : les Inuits, qui avaient huit saisons pour décrire les
variations du climat n’en utilisent plus que quatre ! [...]
Sol de plus
en plus mouvant
Au sortir d’une
réunion de « terminologie » où l’on cherche de nouveaux mots en inuktitut pour
parler d’ozone ou de gaz à effet de serre [...]. Vendeur de poissons et de
viandes sauvages, Jim Currie n’est pas optimiste : « Notre haute saison de
pêche va de décembre à avril. Depuis trois ans, les conditions de gel sont
mauvaises et il faut attendre janvier pour s’aventurer sur la banquise. »
[...]. Nous travaillons sur un plan d’action pour modifier nos comportements,
adapter par exemple les normes de construction pour prendre en compte la fonte
du permafrost », ce sol théoriquement gelé en permanence. Son dégel accéléré
est préoccupant pour les bâtiments sur pilotis. Même ancrées profondément, les
fondations de certains se trouvent au niveau d’un sol de plus en plus mouvant.
[...]
Anne Pélouas, Le
Monde, 16 novembre 2005
Document 3 :
Aux postes-avancés des nouvelles frontières de l'Arctique : le port de
Churchill, Canada.
« La saison
navigable du port de Churchill, sur la côté ouest de la baie d’Hudson, est
passée de six semaines à près de trois mois en quelques années. Le gouvernement
canadien l'avait vendu en 1997 à OmniTRAX, un opérateur privé qui l’a modernisé. Situé
en eaux profondes, ce port permet un accès direct à l’océan. Il dispose aussi
d'une liaison ferroviaire avec le reste de l’Amérique.(...) Le port dispose
d'un élévateur de 140 000 tonnes et il peut accueillir des navires de dimension
"Panama". Il compte quatre postes à quai pour le chargement ou le déchargement
des céréales, des marchandises diverses et des pétroliers. Il permet d'exporter
les céréales, les produits manufacturés et miniers et les produits forestiers
de l'ouest canadien. Aux importations : de l'acier, des matériaux de
construction et des produits pétroliers destinés aux territoires du cœur du
Canada et des États- Unis.
Le port joue un
rôle important dans le ravitaillement des populations du Nunavut. Compte tenu
du retrait constaté de la banquise estivale, la saison de navigation, actuellement
de la mi-juillet à début novembre, pourrait s'allonger au gré du réchauffement
climatique s'il s'avérait durable et régulier. Ces nouvelles possibilités de
navigation pourraient ouvrir de nouveaux marchés européens, russes, asiatiques.
Différents scénarios sont envisagés, dont la possibilité de relier le port
russe de Mourmansk au port de Churchill afin de créer une "autoroute
arctique" entre la Russie et le Canada. »
Questions
I – Qu’est-ce que l’Arctique ?
1. Documents 1, 2. Quelles sont les particularités physique, humaine et
politique du territoire du Nunavut ? Quelles contraintes naturelles
présente-t-il ?
2. Document 2. Quels problèmes environnementaux se posent au Nunavut ?
Quelles en sont les conséquences pour la population inuite ?
II –Les ressources de l’eldorado
canadien.
q. 4,5,6 p. 195.
3. Quelles tensions engendrent ces préoccupations environnementales et
ces perspectives économiques entre les Inuits, le Canada et la communauté
internationale ? Vous pouvez réaliser un schéma
III- une nouvelle stratégie
q. 9, 10. p. 195
4. Ensemble des documents. Quels défis les différents acteurs
doivent-ils relever pour parvenir à une gestion durable du territoire ?
Utilisez ici le schéma du développement durable élaboré au début de l’année en
l’adaptant à l’exemple du Nunavut.
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